
Parenthèse enchantée
Bien encadrée, par une première séquence politique française inédite, tenant plus de la folle pantomime que de constitutionnalité, puis, immanquablement suivie par un psychodrame gouvernemental bien français, la parenthèse enchantée des JO de Paris me transporte, me fait frissonner d’anxiété devant une figure gymnique extraordinaire, m’assourdit, par écran interposé, dans les cris hystériques, mais de joie saine, qui parcourent la Fan-Zone, me fait entonner, à l’unisson du public et des médaillé(e)s, notre hymne révolutionnaire, transcendé par la ferveur de vivre un moment festif, rare. Le concept du vivre ensemble, transformé en réalité !
Des noms et des visages politiques passent furtivement sur les lignes de la presse en ligne, s’invitent inopinément sur les fils d’actualité des réseaux sociaux, pas toujours intelligemment … Certains, résolument exaspérants … Ces fugaces incursions politiques nationales ne donnent pas envie de s’y attarder, pas maintenant, c’est trop tôt. Laissez-nous profiter momentanément de la liesse, des records, du soleil, des bières en terrasse, des vacances, de la surnaturelle vasque … en paix.
J’en oublierais presque la fureur du monde qui en trop de lieux, noie de larmes de sang, de tristesse, de colère, d’impuissance, des enfants, des femmes, des hommes … Presque.
Enfants (et oui, 11 ans tout de même pour la plus jeune !), femmes et hommes, sportives et sportifs de toutes disciplines, médaillé(e)s ou non, Français, étrangers, réfugiés, sans faillir, magnifiques, muscles saillants et tête dans les étoiles de l’olympisme, nous entraînent dans cette parenthèse inouïe.
Jeunes fusées olympiques qui croquent les chronos et l’or comme je croque une pomme.
Vieux « briscards » du sport qui nous donnent des leçons de longévité et d’endurance.
Équilibristes de poutre, de barres, d’arçon, de sol, qui s’envolent vers la gloire et font battre les cœurs.
Lames affûtées qui pourfendent l’adversaire, dans des assauts si habiles et rapides qu’on a du mal à compter les touches.
La petite balle blanche qui claque sur la table et sur la raquette de Super Félix et nous fait tourner les têtes tels des automates. Droite, gauche, droite, gauche, droite, … Point !
Planches tahitiennes qui glissent sous la déferlante et surgissent dans la lumière de la victoire et les gerbes d’écume.
Ballons frappés qui tapent le sol, passent de mains en mains, volent, plongent dans les buts ou les paniers. Courses effrénées. Couinement du caoutchouc sur les parquets. S’accrocher à l’écran pour suivre le rythme !
Corps, tendus, contractés, arqués, suspendus, en détente, élancés, retombés, chorégraphiés, en apesanteur, en pesanteur … Beauté de ces corps luisants, dans l’effort ou la douleur.
Visages, anxieux, heureux, déçus, ahuris, fatigués, impassibles, souriants, fermés, concentrés, soulagés, enfantins, féminins, masculins … Beauté de ces visages tous si différents mais si semblables dans la quête ultime.
Et le jeune Cyrian, médaillé de bronze au Taekwondo qui s’écrie spontanément au micro « J’aime la France ! »
Merci ! Merci ! Merci ! Les sportives et les sportifs ! Avec ou sans médailles ! C’est la diversité internationale triomphante à l’honneur, avec honneur ! Que d’émotions ; avoir scruté, patienté, vibré, tremblé, respiré, transpiré, halluciné (haltérophilie féminine par exemple, Waouh !), crié, hurlé, chanté. La France à l’unisson ! Ma France admirable et rassembleuse !
Vivement dimanche !