Mise à l’ombre
Mardi 21 octobre 2025.
Demain est un autre jour. Jour J, mardi 21 octobre 2025, Nous y sommes. Il y est. Il faut l’avouer, non sans un pincement au cœur, notre chère France n’est pas dans une semaine glorieuse.
Fric Frac au Louvre. Exit, envolés, subtilisés, les bijoux impériaux. Au pays des Maigret, Le Floch, Beautrelet, Burma, et même Cruchot, c’est moche, vraiment moche.
Incarcération d’un Président de la République. Au pays des Jaurès, Blum, De Gaulle, Malraux, Mendès France, c’est moche, vraiment moche.
Comme un avant-gardiste de la politique, ce Président d’une Cinquième République pâlissante, va essuyer les plâtres d’une improbable et pourtant bien réelle incarcération, peut-être aussi quelques grosses larmes, salées, amères. Les Français ébahis, goguenards ou chagrins, vont assister, par médias interposés, à cette première, sans applaudissements (si, si …) ni rappels, d’un genre tout nouveau.
Il avait pourtant commencé sa carrière politique sur les chapeaux de roues, tenant tête à un terroriste qui n’en était pas un, un désespéré qui l’était vraiment. Ce jeune édile Neuilléen pas encore trentenaire mais qui avait déjà tué le père (un signe ?), bambin aux bras, renvoyant le RAID dans ses cordes, montrait déjà qu’il en voulait du gâteau étatique.
Plus tard, à lui le maroquin du podium gouvernemental. Deuxième marche pour le premier flic de France. Il n’avait certes pas la superbe de son ancêtre, « Tigre » fameux, le premier en chronologie, le premier en luttes, mais l’acharné du haut de l’affiche inventa tout de même le vocabulaire circulaire. On n’allait plus « kärchériser » les façades, on « kärchériserait » aussi et carrément les cités. Du réemploi de circonstances. Cela ne s’invente pas. Une certaine France applaudissait, l’autre s’étranglait.
L’ambition emporta le pourfendeur de « Racailles » vers les sommets de la République, le Graal ultime d’une carrière politique. « Travailler plus pour gagner plus » Le slogan qui fait mouche. Champagne ! Oui, mais au Fouquet’s ! Bling ! Bling ! On suivit plus tard, mi-amusés, mi-consternés, son petit vaudeville intime, malheureusement n’est pas Brel qui veut.
Après l’ascension, la chute, d’abord de popularité. Ensuite, les affaires. Parce qu’à la « Santé », on y entre rarement par hasard. Les affaires, on les compte sur les doigts des deux mains, ce qui en soi est déjà un exploit.
Ce n’est pas le premier Président condamné. Il y a un précédent. Mais l’autre, le grand mangeur de tête de veau, avait écopé de sursis pour ses « affaires ». Lui, n’y coupe pas, il lui faut, ce matin, franchir le Rubicon, pour rejoindre, non sans hauts cris d’orfraie, les racailles de tous acabits. Tous les titres du jour en sont, aucun ne veut en perdre une ligne. C’est que c’est du gratin, du gratiné même.
L’homme du jour, le célébré insensé, champion des lois pour la sécurité intérieure, il en exigeait de la fermeté, de la célérité, de l’expéditif. Il ne pourra contester que de fermeté, les juges ont fait preuve.
Tic Tac, tic tac, 10 heures, l’heure banale soudain inhabituelle, l’heure solennelle à laquelle, le prévenu d’un genre unique va perdre, définitivement, toute dignité. Ce matin, on sonne le tocsin politique. Rassemblements, messages, indignations, applaudissements. Tel un champion qui va entrer dans une arène singulière, l’homme, qui a encore des amis, sort du cocon vidé, sous la Marseillaise. Des cris qui ne sont pas des huées, des vivats. Nicolas ! Nicolas ! Nicolas ! Je cherche désespérément une rationalité à cette scène. La certaine presse filme et se régale. Du jamais vu pour un bientôt taulard. Les muscles de son visage sont contractés façon contrariété. La grimace, c’est sa marque.
En route vers le grand quasi trapèze ceint de hauts murs, mais tandis que j’écris, le véhicule noir est déjà arrivé. Arrêt dépose minute. Baisser de rideau.
Cette historiette a-t-elle une morale ? Je cherche. Je cherche, je n’en trouve pas.

-
-
6 jours
Tagged"blog de retraitée", "Femme Vie Liberté, "Noces de sang", opinion